Sciences et société

L’Ecotraversée de Belledonne 2020, dans les pas des marcheurs

© Emeline Frambourg

Du 28 juin au 4 juillet 2020, la 3ème édition de l’Ecotraversée de Belledonne a rassemblé quinze participants désireux d’en savoir plus sur la montagne. A l’occasion de cette randonnée itinérante, ils ont rencontré différents experts du massif, se confrontant directement aux enjeux du territoire à travers des observations de terrain, des échanges et des débats. Pour réduire l’impact de leurs pratiques sur les milieux naturels, ils ont opté pour la « mobilité douce », utilisant le bus depuis Grenoble puis l’autostop pour rejoindre Fond de France, départ de la randonnée.

Des chercheurs du Labex ITTEM impliqués
Comment remonter la vallée de la Combe Madame sans parler de la présence du loup ? Certains participants ont attaqué la journée par des discussions autour des thèses du philosophe-pisteur Baptiste Morizot. Puis, avec Marion Simon-Deloche et Mikaël Chambru (Gresec), chercheur au Labex ITTEM, ils ont marché dans les traces de l’animal et questionné les controverses alimentées par son retour dans nos massifs et le rôle des différents acteurs impliqués. A travers cette problématique environnementale et sociétale complexe, ils ont interrogé leurs rapports à la nature et au sauvage. Sur proposition du gardien de refuge de la Combe Madame, et pour conclure cette immersion, les marcheurs ont installé leur bivouac dans le parc à moutons, vide pour l’heure, en attendant la montée aux alpages.

Après cette étape introductive, le reste de la traversée s’est déroulé principalement sur le GR 738 en direction du sud, jusqu’à Domène. Tout au long de la semaine, plusieurs interventions mêlant des approches artistiques, scientifiques et territoriales, ont ouvert la voie aux échanges sur la question de l’eau en montagne, des glaciers, du climat, et plus généralement de l’écologie.

Les participants sont aussi allés à la rencontre d’acteurs locaux : l’Espace Belledonne, dont la démarche fait écho aux valeurs de l’Ecotraversée ; la Cocotte des Adrets, espace de coworking associatif ; ou encore l’auberge de la Gélinotte à Freydières et la microbrasserie de Belledonne. Les questionnements autour de la mobilité douce ont été complétés par la présentation du réseau d’autopartage de voitures Citiz, du réseau d’autostop Rézo Pouce et des itinéraires de vélo dans les balcons de Belledonne développés par le programme Bel’Velec.

A l’issue de la projection du film Agir ensemble de Benjamin Pouillot, d’échanges avec les gardiens de refuges et d’une discussion avec Frédi Meignan, président de Mountain Wilderness France, chacun a pu mesurer l’importance de soutenir et de relier les initiatives locales. A l’occasion d’une halte dans la station de ski de Prapoutel les Sept Laux, les discussions se sont orientées sur le tourisme de montagne de demain, et sur les façons de rendre vivants, à l’année, ce type de lieux touristiques.

 

 

 

Interdisciplinarité à tous les étagesL’Ecotraversée de Belledonne 2020, dans les pas des marcheurs

En toile de fond, une réflexion globale sur le climat – ses impacts sur les milieux montagnards et l’influence de l’homme dans son évolution – a rythmé les échanges de la semaine, s’enrichissant au fil des interventions. Cette thématique a notamment été abordée sous un prisme scientifique par le glaciologue Lucas Davaze, et par Thierry Lebel, directeur de recherches à l’Institut des Géosciences et de l’Environnement. Le conte participatif proposé par Laurence Druon, du collectif Un Euro ne fait pas le Printemps, ainsi que les lectures du spectacle Mort d’une Montagne par la Compagnie de théâtre Les Non Alignés ont posé un regard artistique sur ces problématiques. Enfin, le jeu de société La Vallée de Mont’ Clim, créé et présenté par Chloé Mahieu (stagiaire du Labex ITTEM, programme Refuges Sentinelles), a complété la réflexion par une approche ludique et éducative.

L’interdisciplinarité incarnée par les différents intervenants a permis de démultiplier les regards et d’appréhender les liens entre les diverses questions soulevées tout au long de la traversée. Les sujets ont été abordés sans simplification, de manière à montrer la complexité des enjeux entremêlés, les temps de marche donnant à chacun l’occasion de poursuivre la réflexion, seul ou dans l’échange.

La diversité du profil des participants a donné lieu à des discussions informelles riches d’enseignement au cours des interventions, pendant les randonnées et lors des soirées en refuge. C’est l’image d’une montagne bien vivante et en constante évolution que retiendront les participants de l’Ecotraversée, conscients des multiples problématiques qui l’animent et qui doivent être abordées dans leur complexité.

 

Quelques témoignages de participants…

Frédérick “Ça m’a énormément plu. Je crois que c’est l’une des expériences les plus intéressantes que j’ai connues depuis longtemps. Le fait de pouvoir marcher pendant des heures avec des gens experts dans leur domaine, de pouvoir discuter avec eux, réfléchir et leur reposer des questions le lendemain est quelque chose d’assez unique” – Frédérick

 

 

 

 

“Le regard artistique est une meilleure façon de s’approprier des thématiques qui ne nous touchent pas forcément au quotidien. On ne fait pas facilement changer d’avis les gens avec des arguments rationnels. C’est vraiment un outil dont on devrait se saisir dans les programmes de conservation, de développement locaux pour toucher plus facilement les gens.” – Camille

 

 

 

 

“J’ai passé une super semaine, j’ai découvert tout le sud de Belledonne que je ne connaissais pas du tout. Toutes les interventions étaient vraiment différentes, les intervenants nous ont tous et toutes éclairés sur des facettes de la montagne et de la relation entre la montagne et nous, en tant que pratiquant, touriste ou habitant du territoire. Ça a renforcé mon intérêt et mon amour pour la montagne” – Abel

 

 

 

 

L’Ecotraversée 2020 a bénéficié du soutien financier et organisationnel du Labex ITTEM, aux côtés d’autres partenaires (UGA, FFCAM, Alpes-là !). Merci à Sonia Petit, étudiante en M1 Communication et culture scientifiques et techniques (CCST) de l’UGA, et stagiaire en charge de la communication scientifique sur ce projet d’Ecotraversée de Belledonne 2020.

Photos : © Emeline Frambourg © EcotraverséeBelledonne2020

Pour en savoir plus sur l’Ecotraversée 2020 :