Si la montagne a longtemps constitué un territoire en crise, à l’écart des pôles de développement et nécessitant des politiques compensatoires, elle est aujourd’hui à l’avant-poste de la mise en place d’une société de la durabilité.
Du point de vue environnemental, la montagne est particulièrement exposée aux effets du changement climatique. L’économie fondée sur le tourisme rend les régions montagnardes vulnérables. Les spécificités du milieu naturel conduisent à augmenter les risques liés au réchauffement ou au dérèglement : inondations, mouvements de terrain, fonte des glaciers, pour les habitants mais aussi pour les régions environnantes. La montagne représente de ce fait un observatoire du changement global, mais aussi un possible démonstrateur de mesures préventives, protectrices ou correctrices dans une perspective de transition.
Du point de vue des enjeux internationaux, la montagne constitue un objet reconnu par les communautés politiques et les instances scientifiques : Année internationale de la montagne, Journée internationale de la montagne, revues scientifiques dédiées, Convention alpine, réseaux de recherche (Iscar), de gestion (Alparc) ou citoyens (Cipra), des programmes d’intervention structurants (Intereg espace alpin). En plaçant la montagne au cœur de problématiques politiques et territoriales, la Stratégie de l’Union européenne pour une région alpine (Suera) vise à instaurer une gouvernance originale sur une région partageant des enjeux communs de durabilité.
La diversité et la richesse des enjeux, scientifiques, environnementaux, politiques, sociaux et économiques ont conduit le Labex ITTEM à poser la montagne comme un espace laboratoire, où se posent avec une acuité particulière des problèmes sociétaux de dimension globale. Depuis 2011, il a montré dans la durée sa capacité d’initiative, de lancement de nouveaux sujets et projets, de constitution d’une « communauté » scientifique engagée pour une recherche dépassant les frontières disciplinaires et académiques.
La prolongation du Labex pour cinq ans (2020-2024) permet de compléter l’approche de la montagne comme « laboratoire » par sa fonction de « démonstrateur » de transition des sociétés et des territoires de montagne à travers quatre grandes thématiques : la transformation du rapport à la nature, de l’action publique et de la gestion des milieux montagnards ; les transitions touristiques et récréatives ; mobilité, énergie et communications : les territorialités de la transition ; une grille de lecture transversale : la montagne comme démonstrateur . Sur ces questions, les sciences sociales ont leur mot à dire, dans une coopération accrue avec les sciences de l’environnement.